Le principe des articles de "pourquoi j'écris": un extrait de texte en italiques, un commentaire personnel ensuite, des liens (en bleu quand ils n'ont pas été utilisés, en gris ensuite) - et la couverture du livre, quand il s'agit d'un livre (le cas le plus fréquent), ou une illustration.
A la base: l'éclectisme, revendiqué.
Du moment qu'il s'agit d'écriture - de préférence de manière métaphorique, voire subliminale...
Associés à cette chronique, deux blogs annexes: "blogorrhée", pour pouvoir parler en sortant du cadre - éventuellement; et "mes textes", au cas où. On y accède par la bande horizontale du haut (même page) ou par le sommaire, à droite (nouvelle page).
Merci de votre visite et bonne lecture!

vendredi 31 décembre 2010

L'ordre du monde

Le représentant de commerce Franc Rutar était un lecteur avide. Même si souvent, devant ses yeux fatigués, les chiffres et les lettres dansaient, il ne pouvait s'empêcher de dévorer chaque mot et chaque lettre qui se présentaient dans son champ de vision. Il faisait partie de ces lecteurs qui, dans une salle d'attente ou un autobus, n'importe où, lisent les journaux et les livres qui ne sont pas les leurs. Il ne pouvait s'empêcher de parcourir la dernière page du journal que quelqu'un d'autre avait entre les mains. Beaucoup font cela par paresse ou avarice, certains aussi par une sorte d'instinct de  vol: ils lisent par-dessus l'épaule du propriétaire et comme ils savent que cela gêne la lecture de celui-ci, ils réussissent toujours à déplacer leur regard au bon moment et à contempler le paysage ou le bout de leurs chaussures avant d'être pris sur le fait. Il ne vient jamais à l'idée de la plupart de ces lecteurs qu'au fond, leurs yeux dérobent ainsi ce qui qui appartient à l'autre, caractère par caractère, comme des parties d'un corps de femme ou comme du pain sur la table. Franc Rutar ne pouvait se plaindre de manquer de lecture, que ce soit sur le commerce extérieur ou tout autre sujet, cependant, la lecture des journaux et des livres que d'autres avaient en main était devenue une passion insatiable. Ce faisant, il mettait chaque fois à l'épreuve son intelligence rigoureuse, Franc Rutar étant un homme à l'esprit minutieux et à la mémoire indéfectible. En un instant, il incluait les titres dansants et les fragments des feuilles de journaux dans des ensembles de sens, jamais il ne mélangeait une information sportive à une information politique. Quiconque a de l'ordre dans la tête comprend aussi l'ordre du monde et ne peut commettre de fautes. 

samedi 25 décembre 2010

L'invisible dans le visible

- Vous ne m'avez pas compris, dit-il lentement. Je ne demande pas qu'on s'intéresse. Pourquoi s'intéresserait-on? Je me demande pourquoi vous êtes intéressé.
Je le lui expliquai. Nous nous assîmes par terre, avec les tableaux devant nous, et je lui expliquai que j'aimais l'ambiguïté, que j'aimais ne pas savoir quoi regarder dans ses toiles, que souvent la peinture figurative moderne m'ennuyait, mais pas la sienne. Nous parlâmes de De Kooning et, en particulier, d'un petit tableau que Bill trouvait inspirant, Autoportrait avec frère imaginaire. Nous parlâmes de l'étrangeté de Hopper et de Duchamp. Bill appela ce dernier "le couteau qui a mis l'art en pièces". Je pensais qu'il disait cela dans un sens négatif, mais il ajouta: "C'était un grand mystificateur. Je l'adore."
Quand j'attirai son attention sur les poils rasés en train de repousser qu'il avait peints sur les jambes de la femme maigre, il me dit que lorsqu'il se trouvait en présence de quelqu'un il avait souvent le regard attiré par un détail - une dent cassée, un sparadrap sur un doigt, une veine, une coupure, une rougeur, un grain de beauté - et que, pendant un instant, cet élément isolé dominait sa vision; et qu'il souhaitait reproduire dans son oeuvre de tels instants. "La vison est un flux", dit-il. Je mentionnai les récits cachés dans ses tableaux et il répondit que, pour lui, les histoires étaient comme le sang irriguant un corps: les voies d'une vie. C'était une métaphore révélatrice, et je ne l'oubliai jamais. En tant qu'artiste, Bill traquait l'invisible dans le visible. Le paradoxe, c'était son choix de représenter ce mouvement invisible au moyen d'une peinture figurative, qui n'est rien d'autre qu'une apparition figée - une surface.

dimanche 19 décembre 2010

Le matériau source

La vie privée de Brian, avec tout son chaos, ses hauts et ses bas, était l'atelier de sa vie professionnelle, un laboratoire pour son théâtre. Et, bien sûr, il écrivait sur nous. Mike disait à l'époque que l'expression "légèrement déguisé" était un peu trop replète pour décrire la relation que Brian entretenait avec son matériau source. Sa première pièce tournait autour de la mort d'une mère atteinte d'un cancer. Il y en eut beaucoup sur le même thème lors de cette saison, mais ce fut la sienne qui remporta le plus de succès. Nous allâmes tous à la première au Theatre Workshop de New York. La pièce était mise en scène par Foster, qui avait été son meilleur ami depuis leurs années à Choate et l'avait suivi à Yale pour étudier le théâtre. Nous étions restés là, prostrés dans le contrecoup, tandis que les tonnerres d'applaudissements retentissaient autour de nous. Difficile de savoir comment réagir. Dans la pièce, Brian semblait revendiquer une place particulière aux côtés de notre mère, dans la mesure où le personnage qui l'incarnait le plus clairement avait été plus aimé et plus dévasté que les autres. 

samedi 18 décembre 2010

Une histoire de fusil vide

Une histoire que papa racontait souvent était celle du fusil vide, pense-t-il. Un jour pendant la guerre, montant la garde je ne sais où, il avait arrêté deux soldats allemands, pointant sur eux son fusil qui se trouvait, par mégarde, avait-il réalisé mais trop tard, déchargé. Il y est allé au bluff. Ce qu'il fallait lire dans cette histoire, franchement, je ne l'ai jamais su. 

mardi 30 novembre 2010

Elle s'anime, grâce aux mots

Elle parle dans le creux de ses mains. Elle me décrit sa vie en peu de mots. Je ne suis pas avec elle dans cet endroit qu'elle doit absolument quitter. Je suis à des milliers de kilomètres et je pense à elle. (...)  
(...) A l'abri dans mon récit en construction, j'essaie de traduire ce qu'elle me souffle à travers ses paumes. La fiction permet la transmission de pensée. C'est un vecteur qui nous rend réels, elle et moi, aux deux extrémités. Elle s'anime, grâce aux mots. Elle peut représenter toutes les victimes comme elles de cet exode terrifiant. 

dimanche 7 novembre 2010

On m'a passé une commande

La nuit suivante, la première après la mort de Juliette, j'ai repensé à ce qu'Etienne nous avait raconté et l'idée m'est venue de le raconter à mon tour. J'ai eu par la suite beaucoup de doutes sur ce projet, je l'ai abandonné pendant trois ans en croyant n'y revenir jamais, mais cette nuit-là, il m'est apparu comme une évidence. On m'avait passé une commande, il suffisait de répondre oui. 

mercredi 3 novembre 2010

La volonté n'y est pour rien

Lorsqu’un homme a l’idée insensée de s’enfermer chez lui, d’ouvrir un cahier et de reprendre à la verticale tout ce qui brûle en lui (pensées, espoirs, souvenirs), l’existence de la littérature ne lui est d’aucun secours. Le voilà seul devant cette page que personne ne réclame et qu’il s’obstine à écrire. La solitude le tenaille, l’impuissance le guette. D’ailleurs, qu’a-t-il à dire qui n’ait pas déjà été dit? A quoi bon ces pages, ces faux espoirs, ce temps perdu? S’il parvient à lever les obstacles en cherchant à tirer quelque profit de ses écrits, il deviendra dans le meilleur des cas un homme de lettres, un littérateur. Mais si malgré l’absence évidente de but, il persiste, c’est sans doute que sa volonté n’y est pour rien. Un besoin inexplicable le pousse, il se doit de lui obéir. Ecrire à la verticale. Aucune activité n’entraîne une pression aussi permanente et involontaire. Aucune retraite méditative ne génère un bruit aussi assourdissant. Bourdonnement sans trêve, magma de mots brûlant sur place, mais sans destinataire apparent, dans une évidence opaque, frontale, continue. Arrivé au moment longtemps repoussé de poser la première lettre, on se rend compte que les mots ne retracent aucune expérience, rien n’a eu lieu qui n’ait lieu sur la page au moment où il écrit. 

lundi 25 octobre 2010

Hypergraphie de la période intercritique...?

Le diagnostic a pour tâche de distinguer la maladie de la personne. La rougeole est une chose. Elle arrive et s'en va. Les rougeurs passent d'une personne à une autre. Un seul agent pathogène est en cause. Mais quand la maladie devient-elle la personne? En 1975, Norman Geschwind et un confrère médecin, Stephen Waxman, ont publié un article sur les caractéristiques communes qu'ils avaient observées entre deux crises (pendant la période dite intercritique) chez leurs patients atteints d'épilepsie du lobe temporal: un accroissement de la religiosité ou du souci de considérations morales assorti d'un approfondissement des émotions confinant à l'irritabilité. Il semble aussi qu'ils aient observé une diminution de la pulsion sexuelle ainsi qu'une hypergraphie - de nombreux patients avaient besoin d'écrire, parfois de manière compulsive. 

dimanche 24 octobre 2010

Accéder à l'immortalité

Les rayons des bibliothèques aiguisaient notre appétit d'écrire car, déjà préoccupés par l'inévitable échéance, nous avions découvert ce moyen d'accéder à l'immortalité. Sévères critiques, nous comparions nos textes. Sans doute intrigué par le nom de la station de métro qui enjambait l'Institut médico-légal, j'avais inventé une histoire qui se déroulait quai de la Rapée. Dans le sinistre bâtiment de brique surplombant une écluse, je faisais vivre un peuple de gardiens, récit très inspiré par le Métropolis de Fritz Lang, que Mando et moi avions vu la semaine dernière à la Cinémathèque. Je l'avais intitulé Despera et j'en étais assez fier, du haut de mes seize ans. Mando l'avait apprécié, c'était l'essentiel. 
Mon récit était consigné dans un cahier Clairefontaine à spirale, que je remplissais avec fièvre, en écoutant la Fantastique. J'avais repéré que mes passages préférés, ceux où l'orchestre se déchaînait, creusaient des sillons plus profonds dans le vinyle du 33 tours et je plaçais toujours le bras de mon tourne-disques au début de ces plages sombres. 

Mando était mon seul lecteur. J'attendais avec impatience la fin de la semaine  pour lui apporter ma dernière livraison. Il gardait secret son journal, dans un tiroir de son bureau, mais me réservait en revanche la primeur de ses autres écrits. 

lundi 27 septembre 2010

Attendant le lecteur de nos rêves

J'ai fini par comprendre que ceux qui écrivent font peur à ceux dont ils attendent les paroles, alors qu'ils écrivent pour qu'on leur parle et qu'on leur explique ce qu'ils ont dit. Il y avait aussi: Vous exprimez si bien ce que je pense. Ah! Que pensez-vous? Mais voyons, ce que vous dites! On n'en sort pas. Moi, l'auteur, qui me dira ce que je pense? J'ai dit ce que je savais: et le reste? tout ce que j'ai mis dans mes livres et dont je ne sais rien, cette attente obscure d'une parole révélatrice qui me parlerait de moi en termes que je ne reconnaîtrais pas? 
(...)
La vérité est que moi aussi il a dû m'arriver de ne pas lire le livre que l'auteur croyait avoir écrit. Cela ne console pas. Et lui n'eût pas été consolé que je n'eusse pas lu le sien par le fait qu'il n'avait pas lu le mien. Nous allons sans doute tous attendant le lecteur de nos rêves, celui qui sentira toutes intentions que nous savions avoir eues, mais surtout, merveille! les autres, les belles choses dont nous n'étions pas conscients, qui sont venues d'elles-mêmes, elles passaient par là, elles ont mis le bout du nez entre les pages, se sont dit: Tiens! voilà un endroit où je m'arrêterais bien! je sens que j'y aurai ma place. 

samedi 25 septembre 2010

Gribouiller, gratter, déterrer...

Lillian était gentille. Elle m'invitait à dîner avec Joseph et elle. J'aurais pu être leur pensionnaire. J'avais refusé. 
- Merci, Lil, mais ce roman me bouffe... Je suis incapable de faire un repas normal. 
J'étais dans mon cagibi, du matin au soir, à gribouiller, à gratter, comme un rapace, à essayer de déterrer mon passé. C'était là que je retrouvais ma seule force. Je m'abattais sur les mots, les picorais. Ne vous y trompez pas. Les orphelins vous tournent les plus belles phrases, mais ils ne savent jamais quand il leur faut manger. 


mercredi 28 juillet 2010

Jouer à mentir

Je jouais à mentir à ma soeur. Tout était bon pourvu que ce fût inventé.  
- J'ai un âne, lui déclarai-je. 
Pourquoi un âne? La seconde d'avant, je ne savais pas ce que j'allais dire. 
- Un vrai âne, poursuivis-je au hasard, avec un grand courage face à l'inconnu. 
- Qu'est-ce que tu racontes? finit par dire Juliette. 
- Oui, j'ai un âne. Il vit dans une prairie. Je le vois quand je vais au Petit Lac Vert. 
- Il n'y a pas de prairie. 
- C'est une prairie secrète. 
- Il est comment, ton âne? 
- Gris, avec de longues oreilles. Il s'appelle Kaniku, inventai-je. 
- Comment sais-tu qu'il s'appelle comme ça? 
- C'est moi qui lui ai donné ce nom. 
- Tu n'as pas le droit. Il n'est pas à toi. 
- Si, il est à moi. 
- Comment sais-tu qu'il est à toi et pas à quelqu'un d'autre? 
- Il me l'a dit. 
Ma soeur s'esclaffa. 
- Menteuse! Les ânes, ça ne parle pas. 
Zut. J'avais oublié ce détail. Je m'obstinai néanmoins: 
- C'est un âne magique qui parle. 
- Je ne te crois pas. 
- Tant pis pour toi, conclus-je avec hauteur. 
Je me répétai intérieurement: "La prochaine fois, je dois me rappeler que les animaux, ça ne parle pas." 
Je me lançai à nouveau: 
- J'ai un cancrelat. 
Pour des raisons qui m'échappèrent, ce mensonge-là ne produisit aucun effet. 
J'essayai une vérité, pour voir. 
- Je sais lire. 
- C'est ça. 
- C'est vrai. 
- Mais oui, mais oui. 
Bon. La vérité, ça ne marchait pas non plus. 
Sans me désespérer, je poursuivis ma quête de crédibilité: 
- J'ai trois ans. 
- Pourquoi tu mens tout le temps? 
- Je ne mens pas. J'ai trois ans. 
- Dans dix jours! 
- Oui. J'ai presque trois ans. 
- Presque, c'est pas trois ans. Tu vois, tu mens tout le temps. 
Il fallait que je me fasse à cette idée: je n'étais pas crédible. Ce n'était pas grave. Au fond, cela m'était égal, qu'on me croie ou non. Je continuerais à inventer, pour mon plaisir. 
Je me mis donc à me raconter des histoires. Moi au moins, je croyais à ce que je me disais. 

lundi 19 juillet 2010

Le prix à payer

Il y avait aussi l'hostilité que m'inspiraient les œuvres de fiction "trop autobiographiques". J'avais déniché je ne sais où qu'on ne doit pas mêler autobiographie et imagination, alors que la vérité, tout le monde sait ça, est presque à l'opposé. De plus, les preuves du contraire abondaient autour de moi, mais j'avais choisi de ne pas en tenir compte, car, en fait, les œuvres d'imagination publiées ou inédites qui me touchaient à l'époque et qui me plaisent encore aujourd'hui sont précisément celles qui ont été rendues lumineuses, indéniablement authentiques, par le fait de venir, et il faut en payer le prix, des couches profondes communes à nos existences réelles. Il m'est assez désagréable de ne pas l'avoir, même imparfaitement, compris alors. Le prix à payer était peut-être trop élevé. En tout cas j'ai préféré, petit sot que j'étais, la fantaisie. 

dimanche 11 juillet 2010

Un peu, au moins, de sa vérité cachée

La petite fille dépourvue de grâce, la jeune fille à la harpe, la femme sensuelle et trompée par son lieutenant flambeur, la veuve avec ses deux fils, le nerveux et le sérieux, la solitaire qui trouve et perd une compagne, la femme âgée qui décline, la jolie morte, ça pourrait être ma mère. Ca ne l'est pas. Elle lui ressemble sur certains traits. J'en ai transformé la plupart. 
(...) Il m'a fallu inventer une mère à la fois proche et différente de la mienne. 
Ma mère est présente dans tous mes livres. Parfois je l'évoque directement, je la nomme; parfois, plus souvent, elle y apparaît sous la forme d'une fiction. Des livres dont elle n'a jamais lu une livre et qui sans doute lui étaient destinés, afin de la toucher, afin qu'elle entende la voix de son fils qui ne savait pas lui parler, afin qu'elle découvre celui dont elle savait si peu et surtout - c'était de ma part une attente impossible à satisfaire, absurde - afin qu'elle dévoile, un peu, au moins, de sa vérité cachée. Encore aujourd'hui, sur le tard, on dirait que je n'y ai pas renoncé. 

vendredi 9 juillet 2010

Ne pas dire, faire dire

J'ai eu de bien faux principes jusqu'ici. En voici un. J'étudie les passions pour le Pathétique, cette étude me servira aussi pour le Comique.
C'est comme si un arpenteur qui pour lever ses plans s'élèverait dans un ballon 200 toises au-dessus du sol du pays qu'il mesure, disait j'étudie en même temps l'art du Paysage, quand je voudrai j'en ferai.
Le Paysagiste et lui ne regardent pas la nature du même côté.
Il en est de même du Poète tragique et du Comique. Le premier sympathise avec tous les hommes qu'il voit, entre dans leurs affections, et tâche de sentir ce qu'ils sentent.
Le deuxième au contraire, s'habitue à une manière de voir, tâche de se rendre du meilleur ton possible, et alors, ne sympathisant avec Personne, n'observe les gens que par les rapports qu'ils peuvent avoir avec lui, emploie son imagination à la vérité comme le tragique, à se les figurer dans de certaines situations. mais ils regardent leurs imaginations comme ils regardent la nature.
Le Poète tragique doit être ému, elles doivent faire rire ou sourire le Comique.
Leur manière d'étudier la nature est donc absolument différente. 

Il y a une grande différence entre être philosophe dramatiquement, et l'être simplement dans un livre.
Le Poète ne doit pas dire, mais faire dire la vérité aux spectateurs, il ne doit pas leur dire Geoffroy est ridicule, mais leur faire dire après avoir écouté sa pièce: que ce Geoffroy est Ridicule!
Il doit leur faire sentir les Vérités, et non pas les leur dire. Les dire en philosophe ne sert qu'à les faire lire malgré eux au spectateur.

jeudi 8 juillet 2010

S'enfoncer dans le silence et écrire

Il avait longtemps rêvé de devenir romancier mais n'avait même pas été capable d'écrire une nouvelle. Il avait bien quelques manuscrits inachevés dans ses tiroirs, mais leur destin était d'y rester. Il n'avait pas de chance avec les muses. Pour une raison inconnue, elles ne voulaient pas rester assez longtemps dans son deux-pièces pour lui permettre de mener au moins une nouvelle à son terme. Telle était l'origine de ses échecs. Avec lui, les muses étaient incroyablement volages. Ou peut-être était-ce lui le coupable: il n'avait pas choisi les bonnes. Désormais, resté en tête à tête avec son pingouin, il écrivait tout de même des histoires courtes, pour lesquelles cette fois, on le payait plutôt bien. 
(...)
- C'est si tranquille, cet endroit, dit-il, rêveur. On pourrait s'enfoncer dans le silence et écrire... 
- Personne ne t'en empêche, l'encouragea Sergueï. 
- C'est la vie qui m'en empêche, fit Victor après un bref silence. 

jeudi 3 juin 2010

Je n'ai pas résolu d'écrire

Je ne sais pas quand je commence à écrire, mais je sais que l'écriture se met au travail, insensiblement, dans cette maison où Ange nous installe et se remet à soigner. Pourquoi se met-on à écrire? Je n'en ai pas la moindre idée. Comprenez-moi bien: je n'ai pas résolu d'écrire. Je n'ai pas décidé un jour que je serai écrivain. Je ne me rappelle pas ce qui m'a poussé à écrire pour la première fois, sans doute parce qu'il n'y a pas eu de "première fois". Je sais seulement que je lisais, que je lisais beaucoup. Je crois que je lisais parce que c'était la manière la plus simple de m'évader tout en restant là. 
(...) 
Mais les livres ne contiennent pas toutes les réponses. Comme il a bien fallu que quelqu'un les écrive, comme écrire c'est, à son tour, (se) donner à lire, peut-être, alors, me suis-je mis à écrire. 

samedi 22 mai 2010

Qui d'autre que vous l'écrira ?

Il y a bien longtemps que je voulais t'écrire....
C'est l'incipit d'un texte qui a été publié dans le numéro deux de la revue et qui est intitulé "Eugénie... Nini" (Christine Lemoine).

La revue des 100 voix, déjà présente dans le blogroll de la colonne de droite depuis quelque temps, n'édite pas ses textes en ligne mais donne à voir la liste des incipit - sans doute pour nous mettre l'eau à la bouche... 

Dans la revue des 100 voix, sous-titrée "Qui d'autre que vous l'écrira?", on peut publier n'importe quel texte du moment qu'il relate une expérience personnelle et autobiographique. L'équipe fondatrice de la revue (trois personnes: Marianne Faure, Caroline Vincent et Philippe Gardien) s'est lancée dans un projet plus ambitieux encore que celui de Paul Auster: aucune contrainte thématique, seize pages tous les quinze jours, pas de démarche commerciale. L'objectif: générer une dynamique d'expression à dimension collective. Dans le cadre de ce projet, totalement original, chaque lecteur peut devenir rédacteur.
La revue a été lancée le 1er avril de cette année mais pas il ne s'agit pas d'un poisson d'avril pour autant, trois numéros ont été déjà été publiés.
A vos plumes...? Parce que c'est vrai: Qui d'autre que vous l'écrira?

Il y a bien longtemps que je voulais t'écrire....

jeudi 20 mai 2010

Ne laisse pas le présent recouvrir le passé

Mais non... Ne laisse pas le présent recouvrir le passé. Pas encore. La réponse était là, à portée de main. On lui offrait une chose précieuse entre toutes, une révélation suprême. Il y avait un sens à tout ça...


mardi 4 mai 2010

Que c'est beau de pouvoir dire ça !

Tous les soirs, je me couchais avec un verre de lait et un paquet de biscuits à côté de mon lit, et je lisais un livre de poche après l'autre, jusqu'à deux ou trois heures du matin. Je lisais tout au hasard, car j'achetais les romans que je voyais au drugstore voisin. (...) J'en empruntais à la bibliothèque municipale à dix blocs de chez moi, et à une bibliothèque d'abonnements chez Womrath dans Madison Avenue. Je lisais très vite, sans esprit critique et sans rien retenir, ne cherchant qu'à échapper à ma propre vie en m'enfonçant par l'imagination dans une autre. Bien en sécurité dans ma chambre avec mon lait et mes biscuits, je m'engloutissais dans un espace intérieur. Le monde réel se dissolvait et j'étais libre de me laisser aller à ma fantaisie, de vivre un millier de vies dont chacune était plus intense, plus accessible et plus réelle que la mienne. C'est vers cette époque que j'envisageai pour la première fois de devenir écrivain. Dans un mauvais roman, comme on demandait au héros, au cours d'un cocktail, quelle était sa profession, il avait répondu: "je suis romancier." Et je me rappelle avoir reposé le livre en pensant: "Mon Dieu, que c'est beau  de pouvoir dire ça!". 

samedi 1 mai 2010

Marcher dans un labyrinthe

L'idée de labyrinthe, et surtout celle de l'itinéraire dans le labyrinthe est beaucoup plus proche de ce que je ressens au moment où j'écris: d'abord, je ne sais pas très bien où je vais. Je sais, bien sûr, qu'il y a une sortie, et je sais à peu près à quoi elle ressemble (souvent, je l'ai en tête très tôt, dans ses grandes lignes). Mais je ne sais pas par où je vais passer (puis faire passer le lecteur) pour y parvenir, quelles impasses, quelles chausse-trappes, quels raccourcis inattendus, quels «niveaux cachés» (comme on dit dans les jeux vidéo) je vais rencontrer. Enfin, construire. C'est pourquoi, à la réflexion, le choix de mon pseudo me paraît être tout à fait justifié. J'avais un moment envisagé de prendre celui de «Marc Valène». Serge Valène est le peintre/narrateur qui, dans La vie mode d'emploimet en place sur une toile l'immeuble sans façade où il a vécu et imagine les histoires qui se sont déroulées dans les pièces ainsi accessibles au regard. 

lundi 26 avril 2010

Prendre la vie à bras le corps

En ce qui me concerne, l'écriture m'aide à prendre la vie à bras le corps, tout en me permettant de garder avec elle une distance suffisante pour que je ne m'y brûle pas trop. Grâce à l'écriture et à la lecture, je peux entretenir un commerce agréable avec les humains qui m'entourent et avec moi-même. Je pars souvent m'oublier dans les personnages, les lieux, les ambiances que m'offrent les écrivains. C'est mon rempart contre les blessures du monde. Depuis l'enfance, j'ai besoin de cette ration quotidienne de fiction, celle que les auteurs me donnent et celle que j'invente. 



vendredi 23 avril 2010

Quelqu'un fera un jour la même chose pour moi

Et Rosalie? Elle longe la rue à grands pas, encore ivre de joie, et il me semble, l'espace d'un instant, que j'ai bien agi, que la grâce est ce qu'il y a de plus haut et qu'une histoire de moins n'est pas une affaire. Mais en même temps, je ne peux le nier, je nourris l'espoir absurde que quelqu'un fera un jour la même chose pour moi. Car comme Rosalie, je n'arrive pas non plus à m'imaginer que je ne suis rien sans l'attention d'un autre et que mon existence à demi-réelle cesse dès que celui-ci détache son regard de moi - de même que maintenant, au moment où je quitte définitivement cette histoire, l'existence de Rosalie s'éteint. D'une seconde à l'autre. Sans agonie, douleur ni transition. A l'instant encore c'était une jeune femme bizarrement vêtue et frappée de stupeur, à présent ce n'est plus qu'une ondulation dans l'air, un son qui se maintient quelques secondes, un souvenir pâlissant dans ma mémoire et dans la vôtre, tandis que vous lisez ce paragraphe. 

mardi 13 avril 2010

Il faut que j'écrive la première phrase

Tout vient de la musicalité de la première phrase. Elle me vient comme ça, comme une espèce d'envie sur laquelle je ne travaille pas. Elle peut être courte, tordue, mal foutue, grossière, mais elle induit d'un seul coup toute l'histoire.


vendredi 9 avril 2010

S'attirer les faveurs de la Muse?

Je lui ai suggéré de commencer à travailler malgré tout, dans l'espoir de s'attirer, d'une façon ou d'une autre, les faveurs de la Muse.
R. m'a expliqué que les Dieux étaient satisfaits du travail que j'accomplissais avec les artistes, qu'ils aimaient par-dessus tout les mortels et que lui, R., avait été envoyé pour mettre en évidence, de la manière la plus claire qui fût, une chose dont autrement, je n'aurais eu qu'une connaissance abstraite. Il n'était que juste, a-t-il dit, de les aider à rassembler leurs forces pour les besoins de la création. Il n'était que juste de supprimer tout ce qui faisait obstacle à une exploitation pleine et entière de leur talent. Mais on aurait tort de laisser entendre qu'ils travaillent pour s'attirer les bonnes grâces de la Muse, et cela non pas seulement parce qu'elle n'apprécie pas d'être sollicitée, mais parce qu'un travail de ce genre a pour effet de détruire les artistes qui en sont les auteurs. Vous ne devez jamais oublier, a-t-il dit, et, après cette séance, vous ne l'oublierez jamais, que l'artiste qui travaille sans inspiration crée un enfant mort, un enfant qu'il aime néanmoins autant qu'il aimerait un enfant vivant, et ce sentiment que tout le bénéfice de votre travail va à quelque chose qui n'est pas vivant, rien ne pouvant être vivant sans la Muse, est en tout point le même sentiment que vous éprouvez si un patient auquel vous vous êtes consacré assidûment des années durant, et que vous en êtes venu à aimer, levait tout d'un coup la main, faisait claquer ses doigts, et disparaissait.

dimanche 21 mars 2010

Le moment est sans doute venu


Ce jour-là donc, (...) le gamin, devenu homme, se souvint qu'il s'était promis de raconter son histoire un jour où l'espoir refleurirait sur Salbounda, où les gens pourraient à nouveau raconter des histoires. Pensant à tout cela, il se dit que le moment était sans doute venu. Il se réfugia dans sa chambre aux murs ivoire, ornés d'une grande carte de cette petite république d'Amérique Centrale, et d'une aquarelle géante qui représentait un poing levé brandissant une colombe sous les ailes de laquelle on pouvait lire: CHILI VENCERA. Il glissa une feuille de papier dans le chariot de sa vieille machine Remington. Pour une fois, aucune angoisse ne l'étreignait; vous savez, celle qui, devant la page blanche, prend à la gorge les apprentis écrivains: quoi écrire et comment le dire? Au contraire, il y avait en lui comme un état de grâce, qui prédisposait à un acte sain(t): Mais un jour triste de septembre...
Cependant, tout en vous narrant cette histoire, je ne peux m'empêcher de penser, mon être tout entier saisi par une espèce de crainte: et si le moment n'était pas encore venu de tenir ma promesse? Et si l'histoire de cette île caraïbe devait continuer à être un long récit de cauchemars, où il est toujours question de croque-mitaine, de fourmi-à-z'ailes, de zombies et de quête interminable du sel de la vraie vie?

jeudi 18 mars 2010

Sauver quelque chose du temps


Quand elle désirait écrire, autrefois, dans sa chambre d'étudiante, elle espérait trouver un langage inconnu qui dévoilerait des choses mystérieuses, à la manière d'une voyante. Elle imaginait aussi le livre fini comme la révélation aux autres de son être profond, un accomplissement supérieur, une gloire - que n'aurait-elle pas donné pour devenir "écrivain" de la même façon qu'enfant elle souhaitait s'endormir et se réveiller Scarlett O'Hara. Par la suite, dans des classes brutales de quarante élèves, derrière unn caddie au supermarché, sur les bancs d'un jardin public à côté d'un landau, ces rêves l'ont quittée. Il n'y avait pas de monde ineffable surgissant par magie de mots inspirés et elle n'écrirait jamais qu'à l'intérieur de sa langue, celle de tous, le seul outil avec lequel elle comptait agir sur ce qui la révoltait. Alors le livre à faire représentait un instrument de lutte. Elle n'a pas abandonné cette ambition mais plus que tout, maintenant, elle voudrait saisir la lumière qui baigne des visages désormais invisibles, des nappes chargées de nourritures évanouies, cette lumière qui était déjà là dans les récits des dimanches d'enfance et n'a cessé de se déposer sur les choses aussitôt vécues, une lumière antérieure. Sauver (...)
Sauver quelque chose du temps où l'on ne sera plus jamais.

dimanche 14 mars 2010

Serti invisible

C'est comme des segments... on relie le tout... en joaillerie, il y a ce qu'on appelle le serti invisible... Le matin, on lit et ça paraît désastreux... il suffit parfois de retirer une phrase ou deux... l'impression de glisser... c'est assez pénible comme travail...


vendredi 19 février 2010

Déverser

En chemin, je me suis cueilli ma ration d'orties. J'étais harassée, manque de matière grasse. Toujours ce voile qui plane devant mes yeux, et le sentiment de planer et d'être de plus en plus légère. Le seul fait d'écrire ceci me demande déjà un effort, mais c'est une consolation, une sorte de conversation, d'occasion de déverser tout ce que j'ai sur le coeur. La veuve m'a parlé de ses cauchemars avec les Russes, elle n'arrête pas d'en faire. Chez moi rien de semblable, sans doute parce que j'ai tout craché sur le papier.

dimanche 31 janvier 2010

Plus fort que le malheur

Là, en bas, la ville est quasiment détruite. Deux photographes nous montrent leurs photos : tous les bâtiments que nous connaissons sont en miettes. (...)
Dany, parti avec Lyonel, revient dans l'après-midi, bouleversé: sa mère est sauve, de même que Franketienne, le grand poète, le géant des lettres haïtiennes, malgré sa maison à demi effondrée. Une immense clameur a retenti dans la rue quand il est apparu: Le poète est vivant. Ici, les poètes sont des dieux vivants. Et puis, aussi, cette scène incroyable, dans la rue: des gens reconnaissant Dany, qui viennent lui serrer la main, le remercier pour son livre, qui les honore. Lui, embarrassé: en ces circonstances, un livre... Et les autres d'insister: au contraire. Ils en ont plus que jamais besoin parce que les livres disent qu'il est en l'homme quelque chose de plus fort que le malheur.

jeudi 28 janvier 2010

Le rire de Dieu

Il y a un proverbe juif admirable: L'homme pense, Dieu rit. Inspiré par cette sentence, j'aime imaginer que François Rabelais a entendu un jour le rire de Dieu et que c'est ainsi que l'idée du premier grand roman européen est née. Il me plaît de penser que l'art du roman est venu au monde comme l'écho du rire de Dieu.

Mais pourquoi Dieu rit-il en regardant l'homme qui pense? Parce que l'homme pense et la vérité lui échappe. Parce que plus les hommes pensent, plus la pensée de l'un s'éloigne de la pensée de l'autre. Et enfin, parce que l'homme n'est jamais ce qu'il pense être.

samedi 23 janvier 2010

Doubler le monde

Sage, le serai-je jamais? La peur de la mort m'empêche de profiter de la vie. C'est elle qui m'agite, qui m'entraîne de la cuisine au puzzle, au livre, à mon bureau... C'est elle qui m'oblige à doubler le monde par les mots, comme par sûreté, pour éviter les déchirures, les trous qui le détisseraient.

vendredi 15 janvier 2010

Les mots au secours du réel

Le jour se lève à peine. Je relis ma semaine d’écrivain haïtien. Ecrivain, qu’est-ce que j’en sais? Haïtien, certainement. J’ai envoyé ce projet de texte à quelqu’un qui vit en France et que j’aime beaucoup. La réponse: pas sûr que cela intéresse le lecteur français dans le froid de janvier. Qu’est-ce que j’y peux? Ma semaine finit sur un jour qui se lève et promet d’être chaud, avec une sourde inquiétude pour la santé d’une gamine qui souffre de la malaria. La vie de tous les jours, c’est comme les dames du temps jadis, on a les inquiétudes, les températures et les semaines qu’on peut.

mercredi 13 janvier 2010

Un endroit qui m'est réservé


C'est en Autriche qu'avait été publiée la première édition étrangère de mes romans. A l'époque, Heinz, qui était professeur à l'école des langues orientales de Vienne, avait repéré un de mes livres qui n'était pourtant pas un best-seller, et l'avait tranduit en allemand. Et depuis presque dix ans, il avait la gentillesse de continuer à me traduire, en suivant à peu près mon rythme d'écriture, même si les ventes restaient modestes.
(...)
Parfois, les paquets qui arrivaient régulièrement d'Autriche par la poste aérienne alors que je n'y pensais plus étaient une consolation pour moi. C'était bien mon roman, même s'il renaissait dans une langue que j'étais incapable de comprendre, moi qui en étais l'auteur. En feuilletant les pages où s'alignaient les lettres de l'alphabet, je pouvais sentir qu'à travers ce petit espace qui tenait entre mes mains, un endroit m'était réservé, qui existait quelque part à l'autre bout du monde.

jeudi 7 janvier 2010

Qu'as-tu vu ce jour-là ?


Dans la lumière dure du soleil sur la rive sud du lac Ontario. Tous les objets sont nets et distincts comme dessinés par un crayon d'enfant. Les couleurs sont vives, tranchées, sans ambiguïté. Il y a toujours du vent. Pas d'ombres. Peut-être le vent les emporte-t-il?
Cette histoire est écrite avec un crayon d'enfant. Noir mat, ou violet, un éclat un peu huileux. Des Crayola pareils à ceux avec lesquels nous jouions quand nous étions petits.
Qu'as-tu vu ce jour-là?
(...)
Pour son deuxième anniversaire, j'ai offert à ma nièce Holly une grande boite de Crayola. Comme les crayons de couleur que j'adorais quand j'étais petite fille. Et nous dessinions, man nièce et moi, en nous racontant des histoires idiotes.
Holly riait et me touchait la joue. "Tatie Nedra, je t'aime!"
L'histoire de ce que j'ai vu mais n'avais pas vu. Et ce que je n'avais pas vu, je le verrais et me le raconterais toute ma vie.

lundi 4 janvier 2010

Les mots magiques


Nos mythologies fourmillent de mots magiques censés nous donner des pouvoirs divins. Aujourd'hui encore, les enfants crient "abracadabra" dans l'espoir de faire apparaître quelque chose du néant. Bien sûr, nous avons tous oublié que ce terme n'a rien d'enfantin: il provient d'une ancienne formule magique araméenne - Avrah Ka Dabra - qui signifie "je crée en parlant".

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