Le principe des articles de "pourquoi j'écris": un extrait de texte en italiques, un commentaire personnel ensuite, des liens (en bleu quand ils n'ont pas été utilisés, en gris ensuite) - et la couverture du livre, quand il s'agit d'un livre (le cas le plus fréquent), ou une illustration.
A la base: l'éclectisme, revendiqué.
Du moment qu'il s'agit d'écriture - de préférence de manière métaphorique, voire subliminale...
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vendredi 4 février 2011

Plus personne ne me quitte

On peut écrire comme Houdini détache ses liens. L'écriture peut servir de révélateur, au sens photographique du terme. C'est pour cela que j'aime l'autobiographie: il me semble qu'il y a, enfouie en nous, une aventure qui ne demande qu'à être découverte, et que si l'on arrive à  l'extraire de soi, c'est l'histoire la plus étonnante jamais racontée. "Un jour, mon père a rencontré ma mère, et puis je suis né, et j'ai vécu ma vie." Waow, c'est un truc de maboul quand on y pense. Le reste du monde n'en a probablement rien à foutre, mais c'est notre conte de fées à nous. Certes ma vie n'est pas plus intéressante que la vôtre, mais elle ne l'est pas moins. C'est juste une vie, et c'est la seule dont je dispose. Si ce livre a une chance sur un milliard de rendre éternels mon père, ma mère et mon frère, alors il méritait d'être écrit. C'est comme si je plantais dans ce bloc de papier une pancarte indiquant: "ICI, PLUS PERSONNE NE ME QUITTE". 
Aucun habitant de ce livre ne mourra jamais. 
Une image qui était invisible m'est soudain apparue dans ces pages comme quand, petit garçon, je plaçais une feuille blanche sur une pièce de 1 franc et que je gribouillais au crayon sur le papier pour voir la silhouette de la semeuse se dessiner, dans sa splendeur translucide. 

Un roman autobiographique fait de courts chapitres dont certains sont à la limite de la nouvelle ou, tout au moins, faits de textes qui peuvent être lus séparément sans perdre de leur intérêt. Leur astucieux agencement (à la DeLorean) nous fait aller et venir dans le temps du narrateur, de son présent dans une geôle de la république à son enfance et à sa jeunesse, voire à celles de ses parents et grands-parents. Ce livre a un petit côté Mistral gagnant extrêmement sympathique et comporte de très belles pages sur la famille, la filiation, la fratrie - ainsi que sur le rapport à l'écriture. Au delà du côté snob délibérément revendiqué par l'auteur (cf. son site), c'est un fait que le livre comporte quelques passages très connotés socialement parlant. En réalité, sans doute peut-il cependant peut parler à tous, dès lors que le lecteur a compris que les notions de pauvreté et de statut social sont par nature même toujours à relativiser... sans doute serait-il, en tout cas, dommage de s'arrêter à cet aspect. Quant à la métaphore de la technique consistant à faire apparaître une image à partir de simples gribouillis, pour peu que ceux-ci s'appuient sur un relief quelque part, elle fait certainement partie des quelques perles de ce roman. Et après le détour par l'idée de la recherche d'immortalité, pour soi ou pour les autres, elle ramène à celle du révélateur - de soi-même. 

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