Le principe des articles de "pourquoi j'écris": un extrait de texte en italiques, un commentaire personnel ensuite, des liens (en bleu quand ils n'ont pas été utilisés, en gris ensuite) - et la couverture du livre, quand il s'agit d'un livre (le cas le plus fréquent), ou une illustration.
A la base: l'éclectisme, revendiqué.
Du moment qu'il s'agit d'écriture - de préférence de manière métaphorique, voire subliminale...
Associés à cette chronique, deux blogs annexes: "blogorrhée", pour pouvoir parler en sortant du cadre - éventuellement; et "mes textes", au cas où. On y accède par la bande horizontale du haut (même page) ou par le sommaire, à droite (nouvelle page).
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lundi 26 décembre 2011

La famille dans laquelle j'ai grandi

Si je n'avais pas grandi dans une famille en miroir (mon père, comme son frère, avait eu deux filles), si dès l'enfance, je n'avais eu pour modèle ce couple paternel gémellaire et très tôt vécu ma singularité comme une bizarrerie regrettable - question qu'il me fallut plus tard élaborer (j'entends par là cerner la nature du fantasme et faire, dans cette question identitaire, la part du réel et de l'imaginaire) -, il est certain que le clonage de la brebis Dolly n'aurait pas rencontré chez moi ces résonances profondes à la fois inquiétantes et familières, qui furent à l'origine de ce roman, A ton image, publié en 1998. Et c'est aussi, je suppose, parce que cette élaboration m'avait conduite à faire le deuil du fantasme narcissique du double que j'ai choisi de traiter ce thème comme je l'ai fait: en amenant le narrateur, non pas à se cloner lui-même (ce qui ne le séduit pas) mais à cloner la femme qu'il aime. 
En effet, ne penser le clonage qu'en relation au mythe de Narcisse, c'est à mon sens en réduire considérablement la portée imaginaire. Le situer en revanche dans le contexte d'une relation amoureuse passionnée permettait d'aborder d'autres fantasmes - celui non seulement de l'immortalité, mais de l'amour éternel, indéfiniment reproductible - et d'amener le lecteur à réfléchir aux questions réelles soulevées par ces fantasmes, à savoir la relation à l'autre - à son apparence et à son être -, la constitution de la personne humaine, la perte le deuil; et, au delà encore, au déterminisme de l'éducation (et aux ravages d'une éducation où la parole n'a pas de place), aux fantasmes que nourrit la technologie scientifique et aux passages à l'acte qu'elle permet chez des personnes n'ayant pu élaborer leurs manques et leurs frustrations. 
Choisissant le clonage pour prétexte de mon intrigue, j'avais parfaitement conscience d'aborder un sujet délicat et inquiétant, mais ce que je ne mesurais pas, c'est à quel point le fantasme dans notre société était agissant. 

Le passage ci-joint est extrait de la préface que l'auteur a ajoutée à son roman, six ans après la publication de celui-ci. Dans cette préface, elle explique d'abord sa démarche, après quoi elle prend le temps de longuement disserter sur la nature du clonage - son sujet. Ou son sujet énoncé, tout au moins. Car en réalité, le roman ne se réduit pas au traitement du thème du clonage humain, pour riche et porteur d'interrogations qu'il soit. Si c'était le cas, le seul extrait fourni ci-dessus présenterait l'inconvénient, publié sur un blog ou en début de livre, comme il l'est actuellement dans la version poche, de déflorer le roman et de réduire ensuite le lecteur à l'ennui - ce qui est loin d'être le cas...
Il y a dans l'histoire que nous conte Louise Lambrichs une histoire d'amour complexe, plusieurs histoires de famille qui le sont plus encore, l'une d'elles en particulier, que le récit nous donne à voir en détails, à hauteur d'enfant puis d'adulte. Il y a toute la difficulté de la construction d'une vie sans amour, ou avec de l'amour parental dévoyé, de l'amour qui ne sait pas s'utiliser à bon escient et encore moins se dire... Il y a tout le désastre de ce chemin qu'on aurait pu parcourir mais sur lequel on va tomber, pour l'unique raison qu'on va choisir pour béquille la personne qui elle aussi en cherchait une, celle qui justement présente la même infirmité, celle dans laquelle on reconnaît une image si familière qu'elle rassure, sans comprendre qu'elle ne fait rien d'autre que tendre un miroir... 
Un très beau roman qui ne doit pas être réduit à son thème affiché et dont le titre peut se comprendre de plusieurs manières. 

Editions de l'Olivier, 1998 et 2004 pour la préface, éditions du Seuil, collections Points, 2004 
Illustration de couverture: photo Didier Gaillard 

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