Le principe des articles de "pourquoi j'écris": un extrait de texte en italiques, un commentaire personnel ensuite, des liens (en bleu quand ils n'ont pas été utilisés, en gris ensuite) - et la couverture du livre, quand il s'agit d'un livre (le cas le plus fréquent), ou une illustration.
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dimanche 20 avril 2014

Artistes authentiques ou authentiques faussaires?

J'étais face à un miroir et je ne me voyais pas dedans. 
En regardant de près nos vies, on s'aperçoit que nous ne sommes pas les héros de nos histoire personnelles. On a beau s'attendrir sur son sort ou jouir d'une notoriété qui souvent prête du talent à ceux qui ne savent pas le rendre, il y aura toujours quelqu'un de plus lésé ou de plus verni que soi. Ah! si seulement on pouvait tout relativiser - la préciosité, l'honneur, la susceptibilité, la foi et l'abjuration, la menterie au même titre que la véracité -, on aurait sans doute trouvé la satiété jusque dans la frugalité et mesuré très tôt combien l'humilité nous préserve de la démence - il n'est pire folie que de se croire le nombril du monde. Pourtant, chaque fléchissement nous prouve que l'on est bien peu de choses, mais qui l'admettrait? On prend le rêve pour un défi alors qu'il n'est qu'une chimère sinon comment expliquer qu'à la mort comme à la naissance on soit pauvres et nus? La logique voudrait que ne compte que ce qui reste, or nous sommes appelés à disparaître un jour, et quelle trace nous survivra dans la poussière des âges? L'image que nous donnons de nous-mêmes ne fait pas de nous des artistes authentiques mais d'authentiques faussaires. Nous croyons savoir où nous allons, ce que nous vous voulons, ce qui est bon pour nous et ce qui ne l'est pas et nous nous arrangeons pour faire en sorte que ce qui ne va pas ne dépende pas de nous. Nos maigres excuses nous deviennent des arguments irréfutables pour se voiler la face et nous érigeons nos hypothétiques certitudes en vérité absolue pour continuer de spéculer bien que nous ayons tout faux. Mais n'est-ce pas de cette façon que nous marchons sur nos propre corps afin de cohabiter avec ce qui nous dépasse? Au bout du compte, qu'avons-nous pourchassé notre existence entière sans le rattraper, sinon nous-mêmes? 

Artiste authentique ou authentique faussaire, n'est-ce pas la question de l'identité de l'écrivain? 

Dans ce roman de Yasmina Khadra, le narrateur n'est pas un écrivain, loin de là. Né pauvre dans l'Algérie des années 20, ce n'est même que très tardivement qu'il apprendra à lire. Et s'il est capable de cultiver l'art de la débrouille dans son enfance, c'est avec ses poings qu'il gagnera finalement sa vie - mais comme on le sait dès le début du livre, sans savoir pourquoi ni comment, l'histoire se termine aux portes de la mort pour lui, devant la guillotine. C'est là que nous faisons sa connaissance et que nous l'écoutons dérouler ses souvenirs, ceux de ses drames familiaux, de ses amitiés de passage, de son éducation sentimentale, de son ascension professionnelle... le tout sur fond d'Algérie d'entre-deux-guerres. 
Turambo, ce héros qu'on appelait du nom de son village englouti - un nom sans doute déformé par l'usage - est un personnage attachant dont on partage les tourments et qu'on aime à voir grandir. 
Une excellente critique du livre peut être trouvée ici, sous la plume de Michèle Perret

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