Le principe des articles de "pourquoi j'écris": un extrait de texte en italiques, un commentaire personnel ensuite, des liens (en bleu quand ils n'ont pas été utilisés, en gris ensuite) - et la couverture du livre, quand il s'agit d'un livre (le cas le plus fréquent), ou une illustration.
A la base: l'éclectisme, revendiqué.
Du moment qu'il s'agit d'écriture - de préférence de manière métaphorique, voire subliminale...
Associés à cette chronique, deux blogs annexes: "blogorrhée", pour pouvoir parler en sortant du cadre - éventuellement; et "mes textes", au cas où. On y accède par la bande horizontale du haut (même page) ou par le sommaire, à droite (nouvelle page).
Merci de votre visite et bonne lecture!

samedi 8 janvier 2011

Que je l'aie rencontré

J'épiais depuis d'interminables heures. Le signe de l'éveil venait d'abord du seau hygiénique. Une cabane en terre battue, à l'extérieur, latrines sans siège ni aisance, trônait pourtant. On n'y accédait pas la nuit. Les enfants avaient peur de sortir: il n'y avait évidemment pas d'électricité pour conduire aux sommaires sanitaires, le long de ce chemin truffé d'ornières, irrégulier, manqué par l'herbe, entre les dalles de pierre. L'hiver, il faisait froid, souvent il gelait. La famille s'était organisée: son récipient collectif servait à la tribu toute entière, et le père, au réveil, stoïque, sortait. Droit, très raide, il passait devant moi sans me voir. 
Il était majestueux, Ansis Latvija. 
Respectable, admirable: le le considérais avec déférence. Je le vénérais. Pour moi, depuis, les écrivains sont ceux qui n'hésitent pas à porter l'anse de l'ustensile cabossé servant aux besoins de chacun. 


Où vont nicher les vocations... L'auteur, Anne Poiré, dit aussi: 

Si je suis écrivain aujourd'hui, il n'est pas innocent qu'enfant, je l'aie rencontré. Les volets de la maison mauve et verte de l'Apolline tambourinent toujours dans mon cœur.

On ne dira sans doute jamais assez le rôle que jouent les rencontres dans nos vies, mais on peut également voir dans l'introduction à la nouvelle éponyme du recueil une métaphore de ce qu'est un écrivain et de la manière dont il travaille - pas très ragoutant, certes, mais joliment dit quand même... 
Le livre rassemble des histoires d'enfance. Il est publié par une maison d'édition qui a choisi de privilégier la nouvelle, y compris sous la forme originale de carte postales (on y trouve plusieurs nouvelles d'Anne Poiré, y compris certaines également publiées en recueil). Une bonne idée de petit cadeau clin d'œil, non? A noter, pour les paresseux: pas d'emballage, pas de frais d'envoi, si ce n'est un timbre ordinaire! Allez voir, c'est ici!
A noter: le recueil existe à présent en version électronique.

1 commentaire:

  1. Merci d'avoir cité cet extrait de cette nouvelle, importante à mes yeux, fondatrice peut-être de la quarantaine d'autres titres publiés avant et après. (Parfois aussi des romans, de la poésie, et même du théâtre) C'est d'ailleurs pour cette raison qu'elle donne son titre au recueil publié par les éditions D'un Noir Si Bleu. Texte le plus fort de ce livre, vous avez raison, cet incipit pose à la fois la question fondamentale du "pourquoi" et du "comment" de l'écriture... tout en soulignant le rôle pas toujours facile des écrivains. Bravo pour votre blog et bonne continuation à vous, au royaume des mots... Un grand sourire. Anne Poiré - http://annepoire.free.fr

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Ecrire, pourquoi pas? Et si vous commenciez par écrire ici...? Vous pouvez dire ce que vous pensez du livre si vous l'avez lu, ou bien de l'extrait cité... C'est à vous!

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