Le principe des articles de "pourquoi j'écris": un extrait de texte en italiques, un commentaire personnel ensuite, des liens (en bleu quand ils n'ont pas été utilisés, en gris ensuite) - et la couverture du livre, quand il s'agit d'un livre (le cas le plus fréquent), ou une illustration.
A la base: l'éclectisme, revendiqué.
Du moment qu'il s'agit d'écriture - de préférence de manière métaphorique, voire subliminale...
Associés à cette chronique, deux blogs annexes: "blogorrhée", pour pouvoir parler en sortant du cadre - éventuellement; et "mes textes", au cas où. On y accède par la bande horizontale du haut (même page) ou par le sommaire, à droite (nouvelle page).
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mercredi 11 avril 2012

Parce que je l'avais choisi

C'était trop de solitude et trop d'étendue, trop de vide et trop de vertige. Ca devenait parfois comme une maladie que l'on avait en soi, sous la peau. Je l'avais, moi, cette maladie. J'avais le signe, les symptômes. Richard insistait. Il fallait que je parte. Je l'écoutais. Chantal ne disait rien, je sentais son regard sur nous. J'étais déjà parti; j'avais vécu à Clermont, à Lyon; j'y avais appris mon métier, travaillé, aimé des musiques, croisé des femmes, des hommes; j'étais revenu. Je ne croyais plus beaucoup à la nécessité d'échapper, de se soustraire. Je voulais rester en face des choses, telles qu'elles étaient, comme hypnotisé par elles, et cependant maître de mon seul vouloir. Même la douleur, qui n'est pas un métier, ni une vocation, qui finit par couler, même la douleur ne pouvait empêcher cela, ce tête-à-tête avec le monde, vu d'ici, parce que je l'avais choisi. Je n'ai rien expliqué à Richard. Je lui ai dit que je restais, et que ça n'était ni pour le travail, ni pour notre mère, ni pour le souvenir. 

Laurent, le narrateur, parle de sa région, de sa maison, même, du coin de désert où il a choisi d'habiter, même pas un village, un endroit isolé, éloigné des maisons, des autres... Mais après tout, ses réponses à son frère ne pourraient-elles pas s'appliquer à d'autres sujets?
L'écriture comme un pays, une terre aride à laquelle on se confronte mais qu'on n'arrive pas à quitter, à laquelle on ne peut que revenir si jamais on s'éloigne... à laquelle on ne peut se soustraire. Choisit-on vraiment? Difficile à dire, entre être hypnotisé et rester maître de mon seul vouloir... 
Une écriture totalement dénuée de fioritures, au service d'une histoire banale mais parfaitement racontée, faisant se croiser des personnages qui partagent avec nous une tranche de vie, confidences comprises. 

Editions Buchet Chastel 2001, Points 2003 
Illustration: photo Jean-Luc Paille 

3 commentaires:

  1. Votre billet me donne très envie de lire ce livre, je vais me le procurer, d'autant que Marie-Hélène Lafon fait partie des auteurs dont je croise le nom depuis longtemps sans l'avoir encore lue. Merci

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  2. Merci Gilles, pour ce commentaire, je suis ravie de vous avoir donné envie de lire ce livre, dont j'ai beaucoup apprécié l'écriture. Je n'en suis qu'à mon deuxième MHL, le premier étant "Sur la photo", très particulier et intéressant aussi - et sans doute à plusieurs tiroirs...

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  3. Et, très tardivement, des excuses pour une fausse manip dont je n'ai toujours pas compris l'historique précis et dont je partage sans doute la responsabilité avec blogspot... Toujours est-il que je précise avec retard que Gilles, c'est bien Gilles de Lignes de vie, soit: http://www.lignesdevie.com/
    et que je n'ai pas volontairement tronqué l'info!
    Ce qui serait stupide vu le plaisir qu'il y a à faire la balade... @ bientôt!

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Ecrire, pourquoi pas? Et si vous commenciez par écrire ici...? Vous pouvez dire ce que vous pensez du livre si vous l'avez lu, ou bien de l'extrait cité... C'est à vous!

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