Il y a un proverbe juif admirable: L'homme pense, Dieu rit. Inspiré par cette sentence, j'aime imaginer que François Rabelais a entendu un jour le rire de Dieu et que c'est ainsi que l'idée du premier grand roman européen est née. Il me plaît de penser que l'art du roman est venu au monde comme l'écho du rire de Dieu.
Mais pourquoi Dieu rit-il en regardant l'homme qui pense? Parce que l'homme pense et la vérité lui échappe. Parce que plus les hommes pensent, plus la pensée de l'un s'éloigne de la pensée de l'autre. Et enfin, parce que l'homme n'est jamais ce qu'il pense être.
L'écriture inspirée par le rire de Dieu...? C'est l'idée sur laquelle nous restons à la fin de ce livre de réflexion sur le roman qui se lit comme... un roman. Patchwork d'essais, d'interview, de bribes de dictionnaire personnel, l'ensemble saisit le lecteur qui, même s'il ne possède pas toutes les références littéraires, n'a aucun mal à suivre l'auteur et à partager sa réflexion. Un petit livre très stimulant par un très grand auteur.
Editions Gallimard, folio - 1986
Illustration de la couverture: Georges Braque, Guitare, Le petit éclaireur, 1913
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