Le principe des articles de "pourquoi j'écris": un extrait de texte en italiques, un commentaire personnel ensuite, des liens (en bleu quand ils n'ont pas été utilisés, en gris ensuite) - et la couverture du livre, quand il s'agit d'un livre (le cas le plus fréquent), ou une illustration.
A la base: l'éclectisme, revendiqué.
Du moment qu'il s'agit d'écriture - de préférence de manière métaphorique, voire subliminale...
Associés à cette chronique, deux blogs annexes: "blogorrhée", pour pouvoir parler en sortant du cadre - éventuellement; et "mes textes", au cas où. On y accède par la bande horizontale du haut (même page) ou par le sommaire, à droite (nouvelle page).
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dimanche 21 mars 2010

Le moment est sans doute venu


Ce jour-là donc, (...) le gamin, devenu homme, se souvint qu'il s'était promis de raconter son histoire un jour où l'espoir refleurirait sur Salbounda, où les gens pourraient à nouveau raconter des histoires. Pensant à tout cela, il se dit que le moment était sans doute venu. Il se réfugia dans sa chambre aux murs ivoire, ornés d'une grande carte de cette petite république d'Amérique Centrale, et d'une aquarelle géante qui représentait un poing levé brandissant une colombe sous les ailes de laquelle on pouvait lire: CHILI VENCERA. Il glissa une feuille de papier dans le chariot de sa vieille machine Remington. Pour une fois, aucune angoisse ne l'étreignait; vous savez, celle qui, devant la page blanche, prend à la gorge les apprentis écrivains: quoi écrire et comment le dire? Au contraire, il y avait en lui comme un état de grâce, qui prédisposait à un acte sain(t): Mais un jour triste de septembre...
Cependant, tout en vous narrant cette histoire, je ne peux m'empêcher de penser, mon être tout entier saisi par une espèce de crainte: et si le moment n'était pas encore venu de tenir ma promesse? Et si l'histoire de cette île caraïbe devait continuer à être un long récit de cauchemars, où il est toujours question de croque-mitaine, de fourmi-à-z'ailes, de zombies et de quête interminable du sel de la vraie vie?


Un jour le moment vient - même si les doutes subsistent. Dans la nouvelle éponyme du recueil, Le songe d'une photo d'enfance, le narrateur parle d'une photo qu'il n'a jamais vue... et de la manière dont il a grandi, sans la photo et avec le besoin qu'il en avait. Les autres nouvelles racontent les histoires de personnages étranges, aux noms et surnoms colorés, comme le sont leurs personnalités et leurs histoires personnelles, métaphores à des degrés divers de l'histoire de leur terre, Salbounda, cette île imaginaire des Caraïbes...
L'auteur de ces nouvelles, Louis-Philippe Dalembert, fait partie des principaux écrivains contemporains d'Haïti.

Le songe d'une photo d'enfance
Le Serpent à plumes Editions, 1993

2 commentaires:

  1. (je disais donc...)
    Cet extrait donne envie de découvrir cet auteur dont je n'ai lu aucune oeuvre. Je devrais venir plus souvent ici... des trouvailles pour la prochaine expédition en librairie. Amitiés.

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  2. Certaines des nouvelles de ce recueil sont vraiment très dures, attention... comme, semble-t-il, c'est souvent le cas avec les auteurs haïtiens, dont l'écriture n'en est pas moins splendide...

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Ecrire, pourquoi pas? Et si vous commenciez par écrire ici...? Vous pouvez dire ce que vous pensez du livre si vous l'avez lu, ou bien de l'extrait cité... C'est à vous!

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