Le principe des articles de "pourquoi j'écris": un extrait de texte en italiques, un commentaire personnel ensuite, des liens (en bleu quand ils n'ont pas été utilisés, en gris ensuite) - et la couverture du livre, quand il s'agit d'un livre (le cas le plus fréquent), ou une illustration.
A la base: l'éclectisme, revendiqué.
Du moment qu'il s'agit d'écriture - de préférence de manière métaphorique, voire subliminale...
Associés à cette chronique, deux blogs annexes: "blogorrhée", pour pouvoir parler en sortant du cadre - éventuellement; et "mes textes", au cas où. On y accède par la bande horizontale du haut (même page) ou par le sommaire, à droite (nouvelle page).
Merci de votre visite et bonne lecture!

dimanche 11 juillet 2010

Un peu, au moins, de sa vérité cachée

La petite fille dépourvue de grâce, la jeune fille à la harpe, la femme sensuelle et trompée par son lieutenant flambeur, la veuve avec ses deux fils, le nerveux et le sérieux, la solitaire qui trouve et perd une compagne, la femme âgée qui décline, la jolie morte, ça pourrait être ma mère. Ca ne l'est pas. Elle lui ressemble sur certains traits. J'en ai transformé la plupart. 
(...) Il m'a fallu inventer une mère à la fois proche et différente de la mienne. 
Ma mère est présente dans tous mes livres. Parfois je l'évoque directement, je la nomme; parfois, plus souvent, elle y apparaît sous la forme d'une fiction. Des livres dont elle n'a jamais lu une livre et qui sans doute lui étaient destinés, afin de la toucher, afin qu'elle entende la voix de son fils qui ne savait pas lui parler, afin qu'elle découvre celui dont elle savait si peu et surtout - c'était de ma part une attente impossible à satisfaire, absurde - afin qu'elle dévoile, un peu, au moins, de sa vérité cachée. Encore aujourd'hui, sur le tard, on dirait que je n'y ai pas renoncé. 


Des fragments - trente-neuf, sur moins de deux cents pages - de longueurs très inégales. Le bonheur et la douleur d'aimer, dits à travers le récit d'expériences personnelles ou d'archétypes, convoqués par l'auteur qui nous les propose en miroirs de nos propres histoires... De l'instantané à la biographie, tout se dit à chaque fois en quelques pages, tout de l'amour enfui, d'un côté ou de l'autre, tout de la valeur de l'instant. Un joli recueil tout au long duquel court aussi, en filigrane, la question de l'écriture. 
Ma mère, cette inconnue, écrit aussi l'auteur (à la suite de l'extrait ci-dessus) - lui qui a perdu son père jeune. 
Il dit également, par ailleurs, dans le cadre d'une interview qui le présente comme philosophe et psychanalyste et met en avant la valeur du silence: on écrit pour laisser la parole à ce qui ne s'est jamais dit (...) écrire pour moi, c'est une traversée sans boussole.... il parle de puzzle (comme d'autres parlent de labyrinthe). Ce livre est bien un puzzle, l'ensemble des livres de J.B.Pontalis en constitue un aussi, certainement. Comme sa vie. Comme celle de chacun de nous. 

Nécrologie d'une inconnue
Editions Gallimard 2007, collection Folio
Illustration de couverture : Le bain au soir d'été (détail), par Félix Valloton, Kunsthaus, Zurich

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Ecrire, pourquoi pas? Et si vous commenciez par écrire ici...? Vous pouvez dire ce que vous pensez du livre si vous l'avez lu, ou bien de l'extrait cité... C'est à vous!

Related Posts Plugin for WordPress, Blogger...